Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/359

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Mais l’entends-je ? … Oui, en vérité… il semble que je l’entends… Je laisse retomber le rideau… Je prends ma bougie sur la commode… Je m’avance vers l’armoire… Je me regarde dans la glace de l’armoire… Je songe à celui qui a écrit les mots qui sont dans l’armoire… Ma pensée ne peut se détacher de celui-là… Quelle est cette figure dans la glace ? … c’est la mienne ! Mais est-il possible que la face de notre hôte, lors de la nuit fatale, eût été plus pâle que celle-là qui est la mienne !… Oh ! oui ! j’ai la figure du mort… Et, à côté… Là… là… ce petit nuage… cette petite buée trouble dans la glace… à côté de ma figure… ces yeux si terribles… cette bouche… Ah ! crier ! crier !… Je ne le puis pas !… Je ne puis même pas crier quand j’entends frapper trois coups !… Et ma main !… ma main va à la porte de l’armoire… ma main curieuse, ma main maudite…

Soudain ma main est prise dans un étau que je connais. Je me retourne. Je suis en face de notre hôte, dont la figure effroyable se reflète à côté de la mienne dans la glace, et qui me dit d’une voix d’outre-tombe :

N’ouvrez pas !