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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/91

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Et tranquillement, il remit la table et le fauteuil sur leurs pieds, puis il sourit, de toute sa bonne figure enfantine, à M. le secrétaire perpétuel, et lui dit, à voix basse :

— Voyez-vous, Monsieur le secrétaire perpétuel, ici, je suis vraiment chez moi !… Ça n’est pas aussi bien rangé que dans les autres pièces, mais la Babette n’a pas le droit d’y mettre les pieds !… C’est là que je cache mes instruments de musique, toute ma collection… Si Babette savait jamais !… elle mettrait tout cela au feu !… Oui, oui ! ma parole !… au feu !… Et ma vieille lyre du Nord et ma harpe de ménestrel qui date ni plus ni moins que du xve siècle… Et mon nabulon ! Et mon psaltérion… Et ma guiterne !… Ah ! Monsieur le secrétaire perpétuel, avez-vous vu ma guiterne ?… Regardez-la !… et mon archiluth !… Et mon théorbe !… Tout au feu ! au feu !… Et ma mandore !… Ah ! vous regardez ma guiterne !… c’est la plus vieille guitare qu’on connaisse, savez-vous bien !… Eh bien, elle aurait jeté tout cela au feu !… Oui ! oui !… c’est comme je vous le dis !… ah ! elle n’aime pas la musique !…

Et Martin Latouche poussa un soupir à fendre le cœur de M. Hippolyte Patard…

— Et tout ça… continua le vieux mélomane,