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Page:Leroux - Le Mystère de la chambre jaune, 1907.djvu/37

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LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

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Non, mon p’tit monsieur. Ma maîtresse n’a jamais porté les cheveux en bandeaux comme vous dites , ni ce soir -là , ni les autres jours . Elle avait , comme toujours, les cheveux relevés de façon à ce qu’on pouvait voir son beau front, pur comme celui de l’enfant qui vient de naître !...

Rouletabille grogna , et se mit aussitôt à inspecter la porte . Il se rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que cette porte ne pouvait jamais rester ouverte et qu’il fallait une clef pour l’ouvrir . Puis nous entrâmes dans le vestibule , petite pièce assez claire , pavée de carreaux rouges .

Ah ! voici la fenêtre, dit Rouletabille, par laquelle l’assassin s’est sauvé.. Qu’ils disent ! monsieur, qu’ils disent ! Mais , s’il s’était sauvé par là , nous l’aurions bien vu, pour sûr ! Sommes pas aveugles ! ni M. Stangerson, ni moi , ni les concierges qui - z-ont mis en prison ! Pourquoi qui ne m’y mettent pas en prison , moi aussi , à cause de mon revolver !

Rouletabille avait déjà ouvert la fenêtre et examiné les volets. Ils étaient fermés, à l’heure du crime ?

Au loquet de fer, en dedans, fit le père Jacques... et moi j’suis bien sûr qu’l'assassin a pas passé au travers ...


-

Il y a des taches de sang ?...

Oui, tenez, là, sur la pierre , en dehors... Mais du sang de quoi ?... Ah ! fit Rouletabille, on voit les pas... là, sur le chemin ... la terre était très détrempée ... nous examinerons cela tout à l’heure... Des bêtises ! interrompit le père Jacques ... L’assassin n’a pas passé par là ! ... Eh bien, par où ?...

Est-ce que je sais !...

Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit à genoux et passa rapidement en revue les carreaux maculés du vestibule. Le père Jacques continuait : - Ah ! vous ne trouverez rien, mon p’tit monsieur. Y n’ont rien trouvé... Et puis maintenant, c’est trop sale... Il est entré trop de gens ! Ils veulent point que je lave le carreau ... mais, le jour du crime, j’avais lavé tout ça à grande eau, moi , père Jacques ... et, si l’assassin avait passé par là avec ses « ripatons » , on l’aurait bien vu ; il a assez laissé la marque de ses godillots dans la chambre de mademoiselle ! ... Rouletabille se releva et demanda :

Quand avez-vous lavé ces dalles pour la dernière fois ? Et il fixait le père Jacques d’un œil auquel rien n’échappe . Mais dans la journée même du crime, j’vous dis ! Vers les cinq heures et demie ... pendant que mademoiselle et son père faisaient un tour de promenade avant de dîner ici même, car ils ont dîné dans le laboratoire . Le lendemain , quand le juge est venu, il a pu voir toutes les traces des pas par terre comme qui dirait de l’encre sur du papier blanc ... Eh bien, ni dans le laboratoire , ni dans le vestibule qu’étaient propres comme un sou neuf, on n’a retrouvé ses pas... à l’homme ! ... Puisqu’on les retrouve auprès de la fenêtre, dehors, il faudrait donc qu’il ait troué le plafond de la Chambre Jaune, qu’i ! ait passé par le grenier, qu’il ait troué le toit, et qu’il soit redescendu juste à la fenêtre du vestibule, en se laissant tomber... Eh bien, mais , y n’y a pas de trou au plafond de la Chambre Jaune ... ni dans mon grenier, bien sûr ! ... Alors , vous voyez bien qu’on ne sait rien... mais rien de rien !... et qu’on ne saura , ma foi , jamais rien ! ... C’est un mystère du diable !

Rouletabille se rejeta soudain à genoux, presque en face de la porte d’un petit lavatory qui s’ouvrait au fond du vestibule . Il resta dans cette position au moins une minute . Eh bien ? lui demandai -je quand il se releva .

Oh ! rien de bien important ; une goutte de sang. Le jeune homme se retourna vers le père Jacques.

Quand vous vous êtes mis à laver le laboratoire et le vestibule , la fenêtre du vestibule était ouverte ?

— de bois pour monsieur, sur le fourneau du laboratoire ; et, comme je l’ai allumé avec