Page:Leroux - Le Mystère de la chambre jaune, 1910.djvu/34

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mais encore en faire le premier policier du monde, double qualité qu’on ne saurait s’étonner de trouver chez la même personne, attendu que la presse quotidienne commençait déjà à se transformer et à devenir ce qu’elle est à peu près aujourd’hui : la gazette du crime. Des esprits moroses pourront s’en plaindre ; moi j’estime qu’il faut s’en féliciter. On n’aura jamais assez d’armes, publiques ou privées, contre le criminel. À quoi ces esprits moroses répliquent qu’à force de parler de crimes, la presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n’est-ce pas ? Avec lesquels on n’a jamais raison…

Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-là, 26 octobre 1892. Il était encore plus rouge que de coutume ; les yeux lui sortaient de la tête, comme on dit, et il paraissait en proie à une sérieuse exaltation. Il agitait Le Matin d’une main fébrile. Il me cria :

– Eh bien, mon cher Sainclair… Vous avez lu ? …

– Le crime du Glandier ?

– Oui ; la « Chambre Jaune ! » Qu’est-ce que vous en pensez ?

– Dame, je pense que c’est le « diable » ou la « Bête du Bon Dieu » qui a commis le crime.

– Soyez sérieux.