Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/110

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une presqu’île, qui l’ont conservé, ce nom d’Hercule, qui était celui de leur dieu ; mais, moi, j’imagine que, ce nom, ils l’y trouvèrent déjà et que si, en vérité, les divinités, fatiguées de la poussière blonde des chemins de l’Hellade, s’en furent chercher ailleurs un merveilleux séjour, tiède et parfumé, pour s’y reposer de leurs aventures, elles n’en ont point trouvé de plus beau que celui-là. Ce furent les premiers touristes de la Riviera. Le jardin des Hespérides n’était pas ailleurs, et Hercule avait préparé la place à ses camarades de l’Olympe en les débarrassant de ce méchant dragon à cent têtes qui voulait conserver la Côte d’Azur pour lui tout seul. Aussi je ne suis point bien sûr que les os de l’Elephas antiquus, découverts il y a quelques années au fond des Rochers Rouges, ne sont pas les os de ce dragon-là !

Quand, descendant tous de la gare, nous fûmes arrivés, en silence, au rivage, nos yeux furent tout de suite frappés par la silhouette éblouissante du château fort, debout, sur la presqu’île d’Hercule, que les travaux accomplis sur la frontière ont fait, hélas ! disparaître depuis une dizaine d’années. Les feux obliques du soleil qui allaient frapper les murs de la vieille Tour Carrée, la faisait éclater sur la mer comme une cuirasse. Elle semblait garder encore, vieille sentinelle, toute rajeunie de lumière, cette baie