Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/114

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ne reste plus d’elle que ce morceau de dentelle de pierre qu’un miracle d’équilibre retient suspendu dans l’air du soir…

Et, à notre gauche, voici la tour énorme, massive, la tour du xiie siècle que les gens du pays appellent, nous raconte Mrs Edith, la Louve et que rien, ni le temps, ni les hommes, ni la paix, ni la guerre, ni le canon, ni la tempête, n’a pu ébranler. Elle est telle encore qu’elle apparut aux Sarrasins pillards en 1107, qui s’emparèrent des îles Lérins et qui ne purent rien contre le château d’Hercule ; telle qu’elle se montra à Salagéri et à ses corsaires génois quand, ceux-ci ayant tout pris du fort, même la Tour Carrée, même le Vieux Château, elle tint bon, isolée, ses défenseurs ayant fait sauter les courtines qui la reliaient aux autres défenses, jusqu’à l’arrivée des princes de Provence qui la délivrèrent. C’est là que Mrs Edith a élu domicile.

Mais je cesse de regarder les choses pour regarder les gens, Arthur Rance, par exemple, regarde Mme  Darzac. Quant à celle-ci et à Rouletabille, ils semblent loin, loin de nous. M. Darzac et M. Stangerson échangent des propos quelconques. Au fond, la même pensée habite tous ces gens qui ne se disent rien ou qui, lorsqu’ils se disent quelque chose, se mentent. Nous arrivons à une poterne.