Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/185

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Arthur Rance et sa femme coururent à Menton et, pendant que son mari passait ses journées à remuer des « débris de cuisine », comme on dit en termes scientifiques, datant de deux cent mille ans, fouillant lui-même l’humus de la Barma Grande et mesurant les crânes de nos ancêtres, sa jeune femme prenait un inlassable plaisir à s’accouder non loin de là, aux créneaux moyenâgeux d’un vieux château fort qui dressait sa massive silhouette sur une petite presqu’île, reliée aux Rochers Rouges par quelques pierres écroulées de la falaise. Les légendes les plus romanesques se rattachaient à ce vestige des vieilles guerres génoises ; et il semblait à Edith, mélancoliquement penchée au haut de sa terrasse, sur le plus beau décor du monde, qu’elle était une de ces nobles demoiselles de l’ancien temps, dont elle avait tant aimé les cruelles aventures dans les romans de ses auteurs favoris. Le château était à vendre à un prix des plus raisonnables. Arthur Rance l’acheta et, ce faisant, il combla de joie sa femme qui fit venir les maçons et les tapissiers et eut tôt fait, en trois mois, de transformer cette antique bâtisse en un délicieux nid d’amoureux pour une jeune personne qui se souvient de la Dame du lac et de la Fiancée de Lammermoor.

Quand Arthur Rance s’était trouvé en face