Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par derrière, en poussant une barrière qui faisait communiquer directement ces jardins avec la montagne. Elle avait marché d’enchantement en enchantement, mais sans être étonnée. Quand on passait sur le bord de la mer, ce que l’on apercevait des jardins de Babylone l’avait préparée aux merveilles dont elle violait si audacieusement le secret. Elle était arrivée auprès d’un petit étang, tout petit, noir comme de l’encre, et sur la rive duquel se tenaient un grand lis d’eau et une petite vieille toute ratatinée, au menton en galoche. En l’apercevant, le grand lis d’eau et la petite vieille s’étaient enfuis, celle-ci si légère, qu’elle s’appuyait pour courir sur celui-là comme elle eût fait d’un bâton. Mrs Edith avait bien ri. Elle avait appelé :

— Madame ! Madame !

Mais la petite vieille n’en avait été que plus épouvantée et elle avait disparu avec son lis derrière un figuier de Barbarie. Mrs Edith avait continué sa route, mais ses pas étaient devenus plus inquiets. Soudain, elle avait entendu un grand froissement de feuillages et ce bruit particulier que font les oiseaux sauvages quand, surpris par le chasseur, ils s’échappent de la prison de verdure où ils se sont blottis. C’était une seconde petite vieille, plus ratatinée encore que la première, mais moins