Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/355

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pensée se précisa, ma pensée qui errait autour de Larsan s’arrêta sur Darzac ! Oh ! je m’en souviens très bien ; c’est à partir de cette seconde où il eut ce geste de rapt dans la nuit lunaire que j’osai me dire ce que je m’étais déjà dit pour tant d’autres… pour tous les autres… « Si c’était Larsan ! »

Et, en cherchant bien, au fond de ma mémoire, je trouve que ma pensée a été plus directe encore. Au geste de l’homme, elle a répondu tout de suite, elle a crié : « C’est Larsan ! »

J’en fus tellement épouvanté que, voyant Robert Darzac se diriger vers moi, je ne pus retenir un mouvement de fuite qui lui révéla ma présence. Il me vit, me reconnut, me saisit le bras, et me dit :

— Vous étiez là, Sainclair, vous veilliez !… Nous veillons tous, mon ami… Et vous l’avez entendue !… Voyez-vous, Sainclair, c’est trop de douleur ; moi, je n’en puis plus. Nous allions être heureux ; elle-même pouvait croire qu’elle avait été oubliée du Destin, quand l’autre est réapparu ! Alors, ç’a été fini, elle n’a plus eu de force pour notre amour. Elle s’est courbée sous la fatalité ; elle a dû s’imaginer que celle-ci la poursuivait d’un éternel châtiment. Il a fallu le drame effroyable de la nuit dernière pour me prouver à moi-même que cette femme m’a réellement aimé… autrefois… Oui, un