Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/357

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nouveau scandale. Son père ! Toujours son père ! Et moi, je n’existe pas ! Je l’ai attendue vingt ans, et quand, enfin, je crois qu’elle est venue, son père me la reprend !

Je me disais : « Son père… son père et son enfant ! »

Il s’assit sur une vieille pierre écroulée de la chapelle et dit encore, se parlant à lui-même : « Mais je l’arracherai de ces murs… je ne peux plus la voir errer ici au bras de son père… comme si je n’existais pas !… »

Et, pendant qu’il disait ces choses, je revoyais la double et lamentable silhouette du père et de la fille, passant et repassant, à l’heure du crépuscule, dans l’ombre colossale de la Tour du Nord, allongée par les feux du soir, et j’imaginais qu’ils ne devaient pas être plus écrasés sous les coups du ciel, cet Œdipe et cette Antigone qu’on nous représente dès notre plus jeune âge traînant, sous les murs de Colone, le poids d’une surhumaine infortune.

Et puis, tout à coup, sans que je pusse en démêler la raison, peut-être à cause d’un geste de Darzac, l’affreuse pensée me ressaisit… et je demandai à brûle-pourpoint :

— Comment se fait-il que le sac était vide ?

Je constatai qu’il ne se troubla point. Il me répondit simplement : « Rouletabille nous