Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/89

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— J’avais fini d’écrire, nous dit-il, et je me levai pour aller rejoindre Mathilde quand je la vis arriver, affolée, dans le buffet. Aussitôt qu’elle m’aperçut, elle poussa un cri et se jeta dans mes bras. « Oh ! mon Dieu ! disait-elle. Oh ! mon Dieu ! » Et elle ne pouvait pas dire autre chose. Elle tremblait horriblement. Je la rassurai, je lui dis qu’elle n’avait rien à craindre puisque j’étais là, et je lui demandai doucement, patiemment, quel avait été l’objet d’une aussi subite terreur. Je la fis asseoir, car elle ne se tenait plus sur ses jambes, et la suppliai de prendre quelque chose, mais elle me dit qu’il lui serait impossible d’absorber pour le moment même une goutte d’eau, et elle claquait des dents. Enfin, elle put parler et elle me raconta, en s’interrompant presque à chaque phrase et en regardant autour d’elle avec épouvante, qu’elle était allée se promener, comme elle me l’avait dit, devant la gare, mais qu’elle n’avait pas osé s’en éloigner, pensant que j’aurais bientôt fini d’écrire. Puis elle était rentrée dans la gare et était revenue sur le quai. Elle se dirigeait vers le buffet quand elle aperçut à travers les vitres éclairées du train, les employés des Wagons-Lits qui dressaient les couchettes dans un wagon à côté du nôtre. Elle songea tout à coup que son sac de nuit, dans lequel elle avait mis des bijoux, était