Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/95

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Mathilde m’en marqua encore une grande gratitude, comme si j’avais été réellement responsable de cette heureuse coïncidence. Elle avait reconquis un peu de calme quand le train de neuf heures arriva en gare ; mais, au moment d’y prendre place, comme nous traversions rapidement le quai et que nous passions justement sous le bec de gaz où m’était apparu Larsan, je la sentis encore défaillir à mon bras et aussitôt, je regardai autour de nous, mais je n’aperçus aucune figure suspecte. Je lui demandai si elle avait encore vu quelque chose, mais elle ne me répondit pas. Son trouble cependant augmentait, et elle me supplia de ne point nous isoler mais d’entrer dans un compartiment déjà aux deux tiers plein de voyageurs. Sous prétexte d’aller surveiller mes bagages, je la quittai un instant au milieu de ces gens, et j’allai jeter au télégraphe la dépêche que vous avez reçue. Je ne lui ai point parlé de cette dépêche parce que je continuais à prétendre que ses yeux l’avaient certainement trompée, et parce que, pour rien au monde, je ne voulais paraître ajouter foi à une pareille résurrection. Du reste, je constatai, en ouvrant le sac de ma femme qu’on n’avait pas touché à ses bijoux. Les rares paroles que nous échangeâmes concernèrent le secret que nous devions garder sur tout ceci vis-à-vis de