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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/143

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Le comte apparut sur le seuil du cabinet.

— Monsieur de Teramo-Girgenti, soyez le bienvenu chez moi, fit Sinnamari, bien que votre arrivée coïncide avec des circonstances particulièrement tragiques…

— En effet, monsieur le procureur impérial, je viens d’apprendre qu’un gardien venait de mourir chez vous d’une attaque d’apoplexie. J’ai vu emporter le corps.

Sinnamari ferma la porte derrière le comte, lui présenta le préfet et Dixmer, le pria de s’asseoir, puis lui demanda des nouvelles de son grand ami don Alvarez de Manovar, président des Cortès d’Espagne.

— Il m’a écrit une longue lettre dans laquelle il m’écrivait tant de merveilles sur vous que j’avais hâte de faire votre connaissance. Mon ami, M. Philibert Wat, le gendre de notre président du conseil, m’a annoncé votre arrivée à Paris. J’en fus d’autant plus joyeux que, je ne vous le cache pas, je suis décidé à vous demander un service, monsieur, un très gros service.

— Je suis vraiment très heureux de pouvoir être utile à un ami de don Alvarez de Manovar, répondit le comte. Le service que vous me demandez, monsieur le procureur impérial, est accordé…

— Peut-être que vous… Voici ce dont il s’agit : nous sommes aux prises, en ce moment (quand je dis « nous », je parle de la justice, de la police française) avec un bandit d’une envergure peu ordinaire, qui nous joue les plus méchants tours du monde… Ainsi, je vais vous confier un secret… L’homme dont vous venez de voir emporter le corps n’est pas mort de mort naturelle… Il vient d’être frappé, ici même, chez moi, par un brigand de sa bande…

— De la bande de qui ? demanda, imperturbable, Teramo-Girgenti.

— De la bande du roi Mystère ! On l’appelle aussi le roi des Catacombes…

— Ah, le roi des Catacombes !… Je connais, lit le comte.

— Justement ! Vous connaissez !… Philibert Wat nous a dit que vous le connaissiez !… Il a même dit, mais en plaisantant, bien entendu, que vous étiez son ami…

— Oh ! interrompit Teramo-Girgenti avec un pâle sourire… Son ami… C’est beaucoup dire…

— J’en étais sûr !…

— Pardon, monsieur le procureur, interrompit Teramo. Mais pourriez-vous me dire pourquoi ce gardien a été frappé par un acolyte de ce monarque ?

— Par erreur, monsieur. Et, puisque vous êtes dans nos secrets, je puis vous dire que le coup était destiné à monsieur…

Et Sinnamari montra Dixmer, qui s’inclina, très pâle…

— Mes félicitations, monsieur, dit le comte, en s’adressant à Dixmer…