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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/212

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XVI

LE TROISIÈME SOUHAIT

Sinnamari, après avoir vainement cherché au fond de sa mémoire endormie dans quelle circonstance, ou à quelle époque, il avait pu entendre cette phrase bizarre : « Tu es la Marguerite des Marguerites, tu es la perle des Valois » et après y avoir renoncé, s’entretint encore quelques instants avec Dixmer sur la conduite prochaine des événements, sur l’empressement qu’il fallait montrer à réussir certaine entreprise d’enlèvement qui apparaissait des plus importantes, sur la nécessité de savoir à quoi s’en tenir exactement sur la qualité du comte Teramo-Girgenti dans les vingt-quatre heures. Quant au plan à suivre pour la pendaison de la crémaillère de Teramo-Girgenti, il ne pourrait en être question qu’après qu’on serait assuré de la personnalité même du comte.

— Allons, mon cher Dixmer, recommanda Sinnamari avant de le congédier, prenez garde, cette nuit.

Dixmer partit et Sinnamari courut au boudoir, où il retrouva Liliane apprenant son rôle.

— Mon ami, fit Liliane en déposant son livre, vous ne m’avez pas demandé quel était mon troisième souhait.

— C’est vrai, avoua le procureur, recevez toutes mes excuses. La faute en est à Dixmer… Et quel est ce troisième souhait ?

— Vous rappelez-vous la promenade que nous fîmes un jour à Montmartre, il y a des mois de cela ?

— Si je me rappelle ?… N’est-ce point dans cette promenade-là que je vous ai suppliée de tout quitter pour moi, Liliane ?

— C’est dans cette promenade-là, en effet. Un soir, il faisait si beau, si doux… Nous étions montés comme deux amoureux sur la butte…

— Comme deux amoureux…

— … Et puis, nous sommes redescendus derrière Paris, par je ne sais plus quelle rue…

— La rue des Saules…

— C’est cela, la rue des Saules… Dieu ! Qu’il faisait doux ! Une brise légère nous apportait le parfum des jardins… Dans ce coin de Paris, on se croirait à la campagne, tous ces arbres par-dessus les murs, toute cette verdure dans les enclos.

— C’est un quartier bien désolé, bien perdu… dangereux même…

— Vous rappelez-vous, Sinna, ce qui s’est passé alors ?…

— Ma foi non, Liliane…

— Comme je vantais le charme de cette thébaïde, et que je m’étonnais qu’elle ne fût plus habitée dans la belle saison, vous avez étendu la main vers ces murs et vous m’avez dit : « Oui, tout cela,