sang-froid pour saisir le premier anneau de la chaîne de l’innocence de votre père… Mais comptez sur moi…
— Sur votre ami… fit Gabrielle, avec un doux reproche dans la voix.
— Oui, sur mon ami… Quand vous tiendrez le premier anneau, toute la chaîne viendra !
— Que faut-il faire ?
— Vous allez descendre chez Mme Didier.
— Chez cette pauvre femme… à cette heure ?… elle est couchée avec toute sa petite famille.
— En êtes-vous sûre ?…
— Si j’en suis sûre ! Avant de venir chez vous, j’ai été lui porter du bouillon pour elle et les petites, qui toussent à vous arracher l’âme…
— Toujours bonne, Gabrielle… Mme Didier n’a rien à vous refuser… N’est-ce pas vous qui avez payé son terme ?
— Avec quel argent, mon ami ?
— Puisqu’elle est couchée, vous la prierez de se lever… C’est nécessaire…
— Elle était si faible… si faible tout à l’heure… Mais puisque vous me dites que c’est nécessaire…
— … Quand elle sera levée, elle s’habillera et puis elle vous suivra…
— Où donc, mon ami ?
— Elle vous suivra là où je vais vous dire d’aller, Gabrielle… Entendez-moi bien… il ne faut pas que cette femme vous quitte d’un pas, d’un seul pas… Du reste, puisqu’elle est faible, vous lui donnerez le bras.
— Bien !… Et où devons-nous aller ?…
— Vous descendrez toutes deux sous le porche de l’hôtel et vous entrerez, par la petite porte qui donne sous ce porche, dans la salle du cabaret des Trois-Pintes.
— Au cabaret des Trois-Pintes ? À cette heure ?… Deux femmes… Oh ! Robert, c’est entendu… c’est entendu… Tout ce que vous ordonnerez, mon ami, sera fait, je vous le jure… Mais que faut-il faire ?…
— Vous irez demander à messire Thiébault qui se trouve sans doute à son comptoir, de vous prêter de la bougie…
— De la bougie ?…
— Oui, de la bougie… Voilà une chose toute naturelle… Vous n’avez plus de bougie chez vous et vous êtes descendue en demander…
— Et si M. Thiébault n’est pas à son comptoir ?…
— Eh bien ! Il y aura une autre personne à qui vous demanderez également de la bougie.
— Et après ?
— Après ?… C’est tout !…