Aller au contenu

Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison abandonnée qui avait si bien gardé son secret… Pour R. C., il ne faisait plus de doute que le caveau était devenu le tombeau de sa mère !… C’est là qu’il lui fallait chercher !… Ayant surpris le secret de la porte, il n’eut aucune difficulté à retrouver l’escalier qui le reconduisit dans le mystérieux caveau ! Et, tout de suite, il se mit à la besogne ! Armé d’une lanterne et d’une pioche, il refit le chemin qu’avait accompli, quelques minutes auparavant, l’assassin ! Il s’arrêta là où celui-ci s’était arrêté… Il fit les mêmes pauses, il fit les mêmes pas !… Son regard cependant ne discernait rien qui lui dît : C’est ici plutôt que là ! Arrête-toi et travaille !… Alors, alors… il résolut de tout creuser, de tout remuer… de ne pas laisser sans la retourner une parcelle de cette terre ! Et il donna son premier coup de pioche ! Il travailla toute la nuit… il travailla une partie du jour !…

» Il avait fouillé de ses mains toute la terre de ce caveau maudit !… Et il n’avait rien trouvé ! Et il ne trouva rien !… Un autre se fût enfui de cette inutile maison, mais R. C., quand il s’agit de sa vengeance, espère toujours ! Il vint à moi ! Il se souvint qu’il y avait un homme ici-bas pour qui la vie et la mort n’ont plus aucun secret, et que c’était mon métier à moi de retrouver et de réveiller les morts !…

Et Teramo, brusquement, s’avança vers Sinnamari et lui prit la main…

Sinnamari s’attendait si peu à ce geste qu’il n’essaya même point de retirer sa main de celle de Teramo. Du reste, il ne comprenait pas encore ce que le comte lui voulait… et puis… et puis il lui semblait qu’il fallait que sa main fût dans celle du comte, si bien que l’idée de résister à Teramo ne lui vint même pas.

— C’est vous… vous-même, monsieur le procureur, qui allez me servir de truchement pour cette expérience que vous jugez si délibérément impossible… déclara Teramo en brûlant de ses regards le regard de Sinnamari… C’est par votre entremise que nous allons être immédiatement fixés sur l’endroit où l’on a caché le cadavre !… C’est vous qui allez me servir de médium entre le ciel et la terre !… Cela vous étonne !… Vous êtes comme tant d’autres qui sont des médiums qui s’ignorent… Mais moi je ne me trompe pas et l’on ne me trompe pas !… J’ai découvert en vous un sujet de premier ordre, un instrument merveilleux et très docile… d’autant plus docile que vous êtes plus sceptique… Je ne vous demande que votre main dans la mienne… là… comme cela !… C’est parfait… et maintenant, entrons ensemble dans la petite maison de Montmartre… poussons la porte du jardin… traversons ce jardin… faisons-en le tour… Vous y êtes ?… Regardez-moi !… Regardez-moi !… Regardez-moi donc !… Vous y êtes… dans le jardin ! Bien ! Bien !… Nous n’avons que faire au jardin, n’est-ce pas ?… Nous gravissons le perron… nous traversons le perron… nous traversons le vestibule… nous allons à la porte secrète… nous descendons l’esca-