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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/325

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l’escalier de l’étrange petite maison… Ils n’osaient aller frapper à cette porte cependant, car ils savaient que derrière cette porte se trouvait le Maître !

Tout à coup la porte s’ouvrit et ils virent descendre un vieillard et une morte… Alors ils s’enfuirent de toutes parts… et, le chemin se trouvant libre, le vieillard et la morte arrivèrent au perron, sortirent de la petite maison, et rentrèrent de compagnie sous la petite voûte qui se trouvait sous le perron. Là, ils disparurent : la morte semblait avoir entraîné le vieillard dans la terre…

XVI

TU TE RÉVEILLERAS D’ENTRE LES MORTS

Sinnamari ne s’était point aperçu que la porte secrète se refermait derrière lui. Il descendait toujours. La lanterne l’éclairait peu. Et, prudemment, il tâtait du pied les marches de pierres. Il pensait que Liliane avait dû trébucher, que, peut-être, parvenue sur le sol du caveau, elle était tombée dans quelque excavation. Il arriva aux dernières marches de l’escalier.

Un parfait silence régnait autour de lui. Il était dans la paix suprême de la terre. Sans qu’il parvînt à en démêler la cause, une inquiétude soudaine vint l’étreindre au cœur. Il se fit violence. Il avança encore. Il quitta l’escalier. Et, tout à coup, sa lanterne s’éteignit, comme si on avait soufflé dessus. Il fut dans la nuit du caveau. Il s’arrêta, formidablement inquiet.

Subitement, la nuit s’éclaira de la flamme de torches. Il recula. Mais deux mains formidables s’abattirent sur ses épaules, et une voix laissa tomber ces mots :

Au nom du Roi, je vous arrête !…

Vingt visages étaient penchés sur lui, éclairés fantastiquement par le flamboiement écarlate des torches, que tenaient contre les murs des géants immobiles… D’où venaient ces gens ? Par quel sortilège trouvait-il tout à coup, dans ce caveau qu’il croyait connu de lui seul, cette silencieuse assemblée ? Qui l’avait réunie ? Par quel chemin était-elle venue ? Pour quoi faire ? Pour le juger, sans doute, puisqu’on venait de l’arrêter au nom du Roi ! Non, non, ce n’était pas possible ! Eux, des juges ! Allons donc !… Il les reconnaissait bien. Ce n’étaient point là figures de magistrats qu’il avait accoutumé de croiser tous les jours dans les couloirs et dans les chambres du Palais, mais des figures amies, des gens qui se disaient fort honorés de lui serrer la main, quand, par hasard, il daignait les distinguer dans la cohue de la vie parisienne : figures de sportsmen, de clubmen, de gentlemen, figures