rappelaient l’histoire de Teramo et qui avaient vu apparaître Sinnamari, tous sentaient qu’ils allaient assister à de l’horreur et à de l’épouvante !…
Quant à Sinnamari, ses yeux, quittant peu à peu le rideau rouge et se tournant vers l’autre extrémité du caveau, venait de découvrir que la tenture noire qui couvrait, à cet endroit, le mur, avait été soulevée, et que, devant la pierre mise ainsi à nu, un groupe de trois terrassiers, immobiles, appuyés au manche de leurs pioches, attendaient…
Les terrassiers ne se tenaient donc point là, dans ce coin-là, justement, justement dans ce coin-là de pierre nue, laissée à découvert par la tenture préalablement relevée, ne se tenaient point là, dis-je, à cause du travail qu’ils avaient fait, mais à cause du travail qu’ils avaient à faire… Quel travail ? Sans doute, Sinnamari en eut-il la vision bien nette, et cette vision suffit-elle à lui enlever ce qui lui restait de force, car comme il avait ouvert la bouche pour crier, il la referma sans qu’elle eût laissé échapper aucun son. Et ses yeux se fermèrent aussi pour ne plus voir les terrassiers !…
Tout de même, on entendit une sorte de glapissement, un petit rire aigre et qui parut singulièrement démoniaque en ce lieu, d’autant qu’on ne pouvait se rendre compte d’où il venait. Raoul Gosselin, qui se trouvait là et qui tenait, toute serrée contre lui la tremblante Marcelle Férand, finit par découvrir tout en haut d’un pilier, accroupi sur une petite planchette scellée dans la brique, la figure énigmatique, terrible, ridicule, de M. Macallan. Il le montra du doigt à son amie, qui en fut encore plus épouvantée.
Le comte de Teramo-Girgenti, entraînant le procureur général à travers l’assistance qui les laissait passer avec effroi, s’en était allé vers le coin devant lequel se tenaient les trois ouvriers terrassiers. Il montra la pierre et dit :
— La morte est là !
Tout l’effort du procureur général consistait à ne point paraître trop étonné des phénomènes surnaturels qu’on lui promettait. Quand Teramo-Girgenti lui eut dit : « La morte est là », c’est donc sur le ton de la même ironie aimable et d’une curiosité polie qu’il demanda :
— Mais où donc sommes-nous, cher monsieur… dans un cimetière ?
— Non, répliqua froidement le comte, dans un tombeau !… un tombeau connu seulement du propriétaire de cette maison et de moi !… Monsieur le procureur général, ceci est la cave d’un petit pavillon perdu sur les hauteurs de Montmartre, dans lequel il y a plus de vingt ans, un homme tortura si bien une femme, que celle-ci qu’il tenait prisonnière, mourut de mort violente, à l’issue d’une scène d’orgie, en donnant prématurément le jour à un enfant.
— Quelle lugubre histoire ! fit le procureur général, beaucoup plus