Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/106

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charmant et d’une simplicité somptueuse. Un manteau léger, lamé d’argent, posé négligemment sur les épaules, finit d’éblouir Titin…

Cette jeune reine, pour descendre de son char, venait de toucher la main que lui tendait ce monsieur en habit, qui avait si grand air, avec son morceau de carreau dans l’œil et sa façon de saluer les dames !

Certes ! Il n’était plus de la première jeunesse !… mais Titin le trouva suffisamment éblouissant pour que sa vue lui devînt immédiatement insupportable.

Il souffrait de tout et de tous… D’Antoinette surtout ! Ah ! mon Dieu, comme il souffrait de la voir passer si lointaine… Admirée de tous, avec ce clair sourire qu’il connaissait bien, mais qui n’était plus, hélas ! pour le pauvre Titin !

Ce sourire était peut-être la seule chose qui n’eût point changé en elle.

Derrière elle, sa tante et sa cousine semblaient être ses servantes ! Que s’était-il passé, mon Dieu ?…

Titin se sauva comme un fou.

Où courut-il pendant les trois heures qui suivirent ?… Par quels chemins passa-t-il ? Seuls, MM. Souques et Ordinal eussent pu le dire…

Ah ! il leur fit faire de la route !…

Ils se retrouvèrent vers les minuit, toujours derrière Titin, mais devant les bâtiments de la « Bella Nissa ».

À ce moment, ils ne doutèrent plus de rien. Ils se demandèrent seulement par quelle ouverture insoupçonnée il allait pénétrer dans cette masse sombre qui leur livrerait le secret de Hardigras.