Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/145

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nouveau en branle toute la mécanique à laquelle ils se trouvaient accrochés.

Quand ils s’aperçurent que le char roulait, ils découvrirent en même temps que Pistafun et ses trois acolytes s’étaient réattelés aux cordages et que tout l’équipage semblait conduit par Hardigras qui, surgissant des dessous du char, venait de prendre place sur le timon, sans avoir lâché sa bannière.

Et la course recommença. Tous se remirent à sa poursuite. Mais Hardigras semblait en baudruche tant il bondissait avec légèreté, passant entre les uns et les autres, se retrouvant debout sur le crâne du colosse alors que les autres, se bousculant, ne pouvaient que tendre vers lui leurs poings menaçants.

On se représente facilement l’allégresse de la foule qui suivait les péripéties de la course avec des encouragements narquois ; à celui-ci, à celui-là, tandis que tous les bravos étaient réservés à Hardigras. Il arriva un moment où on le crut bien pincé par MM. Souques et Ordinal ; mais, dans cette seconde décisive, la tête du colosse se trouvait à hauteur d’une certaine fenêtre du premier étage de la « Bella Nissa » qui donnait directement sur les comptoirs déserts. Hardigras s’envola par cette fenêtre que l’on croyait fermée, et disparut.

MM. Souques et Ordinal, cette fois, n’hésitèrent point à le suivre.

Le char s’était arrêté et un grand silence succéda soudain au tumulte de tout à l’heure… Tous les yeux étaient tournés vers la « Bella Nissa »… Au balcon des Supia il y eut un remue-ménage, un affolement auxquels seule Toinetta demeura étrangère…