Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/180

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Il restait bien la nuit, et Titin ne pouvait avoir oublié que ce n’était pas une entreprise impossible que celle de descendre des toits de la « Bella Nissa » jusqu’au balcon de Toinetta. Malheureusement, depuis la fameuse journée de Carnaval, ces toits étaient gardés nuit et jour avec un soin si jaloux que Hardigras, lui-même avait renoncé à s’y montrer.

Le fait était d’autant plus regrettable que Titin pouvait se dire qu’Antoinette avait dû s’attarder plus d’une fois encore à sa fenêtre dans l’attente de le voir réapparaître.

Comme on avait négligé certainement de faire part à Antoinette de toutes les précautions prises, elle devait conclure de l’absence de Titin que celui-ci n’avait décidément plus rien à lui dire…

Et les jours passaient… et la date fixée pour les noces se rapprochait… !

En se documentant sur le prince Hippothadée Vladimir, Titin avait recueilli quelques renseignements précieux sur le prince Marie.

Ainsi avait-il appris que le frère aîné d’Hippothadée était le meilleur des gentilshommes et le plus honnête seigneur du royaume ; qu’après plusieurs folies de jeunesse, il était devenu fort rangé et qu’il était considéré à la cour de Transalbanie comme le modèle de toutes les vertus. Il s’était montré avec son frère d’une patience et d’une générosité sans bornes. Enfin, il n’avait cessé de fournir à l’exilé, dont tous les biens avaient été confisqués, une pension qui eût suffi pour faire vivre honorablement un honnête homme.

« Si ce prince Marie n’est pas un hypocrite, se dit Titin, il ne manquera point l’occasion