Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/194

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Pendant ce temps, tous lui faisaient servir à boire et les femmes le félicitaient sur sa bonne mine.

Il était bien beau de sa personne et ses nouveaux habits faisaient ressortir sa taille « bien prise » et ses formes solides. On eût dit une statue de bronze de la meilleure époque florentine, un Benvenuto Cellini habillé par un bon coupeur de la « Bella Nissa », c’est-à-dire par un honnête artisan qui sait ce qui convient à un fils du pays d’azur, conçu un soir de Carnaval dans les jardins de Riquier.

Rosa et Conception, Anaïs, Cioasa et Amélie profitaient de l’absence de Nathalie pour apprécier ses biceps qu’elles tâtaient par-dessus l’étoffe. Elles refaisaient le nœud de la cravate. Mais toutes ces mignonneries cachaient le désir sournois d’être renseignées :

— Toinetta sera bien contente de te voir !…

— Ah ! si j’étais à sa place ! soupirait l’une…

— Vois-tu qu’elle te présente à M. le maire en disant : « C’est celui-là que je veux en mariage ! »

— On dit qu’elle « espérait » Hardigras, glissait une autre à voix basse.

— Eh bé ! faisait Conception, elle verra Titin ! que lui faut-il de plus ?

— Elle sera peut-être bien étonnée, hasarda Cioasa.

— Nous l’avons bien été, « nous otres » ! murmurait la charmante Anaïs.

Titin laissait dire. Il découvrit derrière lui ce pauvre M. Ordinal qui s’était soudain trouvé entouré de Pistafun et de ses trois amis