Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/244

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questionna Titin avec un sourire plein de malice.

— Zé né mé rappelle plous le nom de cé monsieur ! Tout ce que je pouis vous dire, monseigneur ! ze prie mon prince de me laisser lui donner son titre dans le particulier, tout ce qué zé pouis vous dire, c’est que z’ai fait sa connaissance au cercle et qu’il avait perdou, ce soir-là, zusqu’à sa cemise, comme on dit ! La petite affaire a été vite concloue ! Il m’a dit en recevant mon arzent : « Ce qui vient de la floûte retourne au tambour ! » et il a azouté : « Z’ai moi-même acheté ce mobilier à un seigneur qui se trouvait dans lé besoin à la souite d’une petite partie de cemin de fer ! » Là-dessus il m’a quitté pour faire un banco et il a reperdu en dix minutes devant moi tout l’arzent que je loui avais donné ! C’est alors que je mé souis dit : Voilà un mobilier qui, vraiment, ne porte pas çance ! Il faut lé vendre tout de souite, par notre saint Hippothadée !

— Mais vous, mon cher Odon Odonovitch, vous ne jouez jamais ?

— Zamais, monseigneur… C’est beaucoup dire… Ouné gentilhomme dans ma situation se doit à lui-même de zouer un peu pour ne pas perdre sa réputation de grandé seigneur.

— Oui ! Eh bien, jouez le moins possible ! fit Titin… parce que je vais vous dire : Doun si gieuga lou diaou si recrea !

— Zé né comprends pas, en vérité…

— C’est un dicton de chez nous qui signifie : « Où l’on joue, le diable s’amuse ! »

— Par votre vénéré père ! vous né pouvez jamais prononcer ouné parole qui né soit la