Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/29

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Hyacinthe Supia, en fermant les poings, voilà où nous en sommes avec ce Hardigras !…

— Oui, monsieur le directeur, voilà où vous en êtes ! Mais, comptez sur nous, nous ne vous laisserons point pendre comme cela !…

— Je le pense bien !… Et alors, qu’est-ce qu’il a fait, M. Morelli ?

— Vous pensez qu’il avait de moins en moins envie de rire !… d’autant que Hardigras ordonna que l’on fit entrer ses invités !… Et l’on apporta, solidement ficelés, Tony Bouta, Noré Tantifla, Cio Aiguardente et Peppino Pistafun. Ils étaient, bien entendu, désarmés et durent passer par la loi de Hardigras qui était de boire sec et sans arrêt, monsieur, à votre santé, c’est-à-dire à la santé du pendu !…

— Ils le pouvaient, monsieur le commissaire, car c’est moi qui ai fourni toute cette ripaille !… Ce qui me stupéfie, c’est que mon chef de personnel ait consenti à boire comme les autres.

— Plus que les autres, monsieur, car on le força à prononcer les toasts les plus saugrenus ! Enfin, tout se passa de telle sorte qu’après quelques heures de ce régime, le malheureux tomba épuisé et qu’il ne se souvient plus de rien !…

M. Bezaudin se tut.

— Alors, monsieur ! c’est tout ce que vous avez à me dire !

— Non, monsieur Supia !… Vous imaginez bien que nous avons su tirer de cette méchante aventure tous les enseignements qu’elle comporte. D’abord, il ne nous paraît nullement naturel que des hommes de la force de vos quatre veilleurs de nuit se soient laissé brimer