Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/371

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nées à faire réfléchir Pistafun et à le faire « lâcher » Titin. Mais Pistafun était loin d’être un imbécile. Il comprit la manœuvre et cligna de l’œil.

— Pardon si je vous « derromps » (interromps), monsieur le président, mais si vous voulez que nous restions bons amis, ce n’est pas des bonnes manières de me pousser contre Titin ! Je ne sais pas où ce qu’il est, j’ignore d’où ce qu’il vient, par où ce qu’il a passé, je me suis pensé qu’il a ses raisons ! et ce n’est pas à Pistafun, dans l’état que voilà, à lui courir à l’après ! Mais je suis tranquille, il ne me laissera pas dans l’embarras ! Je n’ai rien plus à vous dire.

Et il s’en tint là. Pour le reste, il ne fit que répéter ce qu’il avait dit au juge d’instruction et que nous avons déjà relaté.

Le défilé des témoins commença par l’audition de M. Supia. Sa déposition fut écrasante.

Il rapporta les faits tels qu’ils avaient été reconstitués par l’enquête. Puis il reprit l’affaire de haut, prétendit qu’il avait essayé vainement de s’intéresser au sort du terrible garçon, qu’il lui avait donné un poste dans sa maison, qu’il n’avait été payé que d’ingratitude, que Titin, sous le pseudonyme de Hardigras, lui avait joué des tours à le ruiner, qu’il l’avait abominablement volé. Ici, il se tourna vers le jury composé en majeure partie de négociants ; il rappela que ces vols, jusqu’alors impunis, étaient, par la façon dont ils avaient été accomplis, un encouragement à l’anarchie, enfin, que ce misérable Titin avait circonvenu sa pupille, l’avait enlevée, le jour même de ses noces, ne l’avait ramenée qu’après lui avoir