Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre une pareille comparution qui finirait de ruiner la santé de sa femme, si elle ne la conduisait pas tout droit à la folie.

— Monsieur le président ! insista Titin implacable, je répète que c’est Mme Supia elle-même qui vous demande à être entendue.

À ce moment un huissier joignit le président derrière la cour et se pencha à son oreille. Chacun imagina que Mme Supia venait d’arriver au Palais de justice et demandait à être entendue ainsi que Titin l’avait annoncé.

Mais le visage du président trahit aussitôt une émotion intense et c’est d’une voix sourde, subitement voilée, qu’il engagea M. Supia à se retirer de la salle d’audience et qu’il pria le prince Hippothadée d’accompagner le témoin jusqu’à son domicile où sa présence était devenue nécessaire.

Quand ils eurent tous deux quitté la salle, le président laissa tomber ces mots, qui furent immédiatement suivis d’un horrible murmure :

— Messieurs les jurés, nous n’entendrons pas Mme Supia. Mme Supia vient d’être trouvée chez elle, assassinée !

Cette fois, ce fut au tour de Titin de défaillir en prononçant ces mots : la malheureuse, elle s’est suicidée !…


Tels furent les principaux incidents qui marquèrent la première étape de ce formidable procès.

Renvoyée à la session suivante pour supplément d’enquête, l’affaire, dans sa seconde partie, se déroula avec une rapidité foudroyante. La malheureuse Thélise avait été trouvée chez elle avec une balle dans la tête. L’hypothèse