Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/407

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Mais quoi ! l’horrible parvis reste bien longtemps désert. Le sang du ciel s’est fondu en un bouquet de roses, le jour sort victorieux et doux de la nuit tragique. L’un des plus beaux matins de Nice étend sa paix sur la terre. Que signifie cette attente ? Pourquoi cet inexplicable retard ? On n’ose s’interroger. Une insupportable angoisse, qui est faite d’une impossible espérance, crispe les cœurs. Les chants peu à peu se sont tus. Un silence énorme dans lequel on entend voler encore l’ange de la mort écrase la ville.

Et c’est le jour. Un jour éclatant, le jour que les échafauds n’ont jamais regardé en face !

Et l’échafaud déménage ! Oui. Elle fout le camp, la guillotine ! On la démonte. L’homme rouge et les hommes noirs sont revenus tout seuls.

Et ce sont des gestes de fous autour de cette chose affreuse et inutile qui s’effondre, qui disparaît, dont la place est nettoyée.

M. de Paris est remonté sur son fourgon. En route pour Paris, M. de Paris. Et il revient le panier vide de sa moisson de fleurs rouges sur la Côte d’Azur. Ciao ! monsieur de Paris !

Troun de pas Dieu ! Au plaisir de ne pas vous revoir :

Titin lui a fait une sacrée farce. Il ne l’a pas attendu.

Quand M. de Paris s’est présenté dans la cellule du condamné à mort, il n’y avait plus là qu’un homme auquel on avait passé la camisole de force, mais cet homme, c’était M. le gardien en chef Peruggia, au cou duquel on avait passé un petit mot d’écrit : « Attention !