Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sortit et fit entrer dans le jardin l’homme avec lequel il eut une longue conversation. Ils s’étaient enfoncés sous les arbres. Il faisait nuit noire. Comme le prince ne revenait pas, la comtesse le fit chercher par le domestique. Quelques minutes s’étaient à peine écoulées que l’on entendit le domestique pousser des cris. Le mystérieux visiteur avait disparu. Le prince était pendu à un arbre. Et il portait encore la devise de « Hardigras ».

Toinetta les regardait l’un après l’autre. Elle paraissait en proie à une exaltation grandissante, mais où il n’y avait, certes, aucun désespoir.

— Et il y a combien de temps que ce crime a été accompli, messieurs ?

— Une demi-heure, madame.

Elle leur prit à chacun les poignets et les traîna derrière elle sans qu’ils fissent, du reste, aucune résistance. Elle leur fit traverser l’appartement et quand elle fut arrivée devant la porte de sa chambre, elle l’ouvrit toute grande et leur montrant Titin qui n’avait pas bougé :

— Voilà une heure qu’il est dans mon lit, vous ne direz pas que c’est lui qui l’a assassiné, celui-là !…

MM. Souques et Ordinal ne parurent point autrement surpris de ce coup de théâtre.

— Nous le savions ! fit simplement M. Ordinal.

— Comment, vous le saviez ? releva Toinetta stupéfaite.

— Madame, nous avions vu entrer M. Titin chez vous et nous attendions sa sortie… Si nous n’avions pas attendu sa sortie, nous se-