Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puis quelque temps, prince ! fit le patron de la « Bella Nissa » avec une grimace qui avait la prétention d’être un sourire…

— Je le croirais volontiers, répondit Hippothadée, mais si j’ai cessé de plaire, il faut qu’elles sachent bien que je ne me suis jamais imposé à personne et si vous me voyez ici, monsieur Supia, c’est moins pour répondre à l’invitation personnelle et pressante que vous avez bien voulu m’envoyer ce matin que pour avoir une explication avec ces dames…

— Je vous ai fait venir, mon cher prince, pour remettre toutes choses en place… Il s’agit d’un simple malentendu… Quand vous nous avez fait l’honneur d’accepter les invitations de Mme Supia et d’y répondre par l’empressement que vous avez mis à présenter ces dames dans un monde que nous n’avons point l’habitude de fréquenter, Mme Supia avait cru remarquer… pardon ! vous me permettez, n’est-ce pas, mon cher prince, de tout vous dire, en toute sincérité, car je vous estime trop pour biaiser avec vous ?…

— Je vous écoute, mon cher monsieur Supia !… Je vous écoute !…

— Eh bien ! Mme Supia avait cru remarquer que notre fille Caroline retenait quelquefois votre attention !…

— Ah ! ah ! en vérité !…

— Oui, Mme Supia m’a dit : « Ne t’étonne point, Hyacinthe, si le prince Hippothadée vient si souvent chez nous : Caroline y est bien pour quelque chose ! »

— Évidemment, évidemment !… Vous avez un intérieur charmant, monsieur Supia, et Mlle Caroline est délicieuse !…