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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

yeux ronds. Il avait ce costume anglais que je lui avais vu le matin de son départ — mais dans quel état, mon Dieu ! — l’ulster sur son bras et la casquette de voyage à la main. Et il dit :

« Je vous demande pardon, monsieur le président, le transatlantique a eu du retard ! J’arrive d’Amérique. Je suis Joseph Rouletabille !… »

On éclata de rire. Tout le monde était heureux de l’arrivée de ce gamin. Il semblait à toutes ces consciences qu’un immense poids venait de leur être enlevé. On respirait. On avait la certitude qu’il apportait réellement la vérité… qu’il allait faire connaître la vérité…

Mais le président était furieux.

« Ah ! vous êtes Joseph Rouletabille, reprit le président… eh bien, je vous apprendrai, jeune homme, à vous moquer de la justice… En attendant que la cour délibère sur votre cas, je vous retiens à la disposition de la justice… en vertu de mon pouvoir discrétionnaire.

— Mais, monsieur le président, je ne demande que cela : être à la disposition de la justice… Si mon entrée a fait un peu de tapage, j’en demande bien pardon à la cour… Croyez bien, monsieur le président, que nul plus que moi, n’a le respect de la justice… Mais je suis entré comme j’ai pu… »

Et il se mit à rire. Et tout le monde rit.

« Emmenez-le ! » commanda le président.

Mais Me  Henri-Robert intervint. Il commença par excuser le jeune homme, il le montra animé des