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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

répond pas ! Il ne me répondra jamais ! » J’accuse Larsan d’être l’assassin « et il se sauve ! » Vous trouvez que ce n’est pas une réponse, ça !…

— Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan, comme vous dites, « se soit sauvé… » Comment se serait-il sauvé ? Il ne savait pas que vous alliez l’accuser ?

— Si, m’sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-même, tout à l’heure…

— Vous avez fait cela !… Vous croyez que Larsan est l’assassin et vous lui donnez les moyens de fuir !…

— Oui, m’sieur le président, j’ai fait cela, répliqua Rouletabille avec orgueil… Je ne suis pas de la « justice », moi ; je ne suis pas de la « police », moi ; je suis un humble journaliste, et mon métier n’est point de faire arrêter les gens ! Je sers la vérité comme je veux… c’est mon affaire… Préservez, vous autres, la société, comme vous pouvez, c’est la vôtre… Mais ce n’est pas moi qui apporterai une tête au bourreau !… Si vous êtes juste, monsieur le président — et vous l’êtes — vous trouverez que j’ai raison !… Ne vous ai-je pas dit, tout à l’heure, « que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom de l’assassin avant six heures et demie ». J’avais calculé que ce temps était nécessaire pour avertir Frédéric Larsan, lui permettre de prendre le train de 4 h. 17, pour Paris, où il saurait se mettre en sûreté… Une heure pour arri-