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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même :

« Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l’importance si je vous la cachais. M. Darzac sera, du reste, de mon avis. »

M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait anormale, fit signe qu’il était de l’avis du professeur. Pour moi, si M. Darzac ne répondait que par signe, c’est qu’il était incapable de prononcer un mot.

« Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M. Stangerson, que ma fille avait juré de ne jamais me quitter et tenait son serment malgré toutes mes prières, car j’essayai plusieurs fois de la décider au mariage, comme c’était mon devoir. Nous connûmes M. Robert Darzac de longues années. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu’il en était aimé, puisque j’eus la joie récente d’apprendre de la bouche même de ma fille qu’elle consentait enfin à un mariage que j’appelais de tous mes vœux. Je suis d’un grand âge, monsieur, et ce fut une heure bénie que celle où je connus enfin qu’après moi Mlle  Stangerson aurait à ses côtés, pour l’aimer et continuer nos travaux communs, un être que j’aime et que j’estime pour son grand cœur et pour sa science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m’a déclaré qu’elle n’épouserait pas M. Robert Darzac. »