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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

tronc pâle d’un fort bouleau dont on apercevait la ligne blanche dans les ténèbres. Ce bouleau s’élevait juste en face de la fenêtre qui nous intéressait et ses premières branches étaient à peu près à hauteur du premier étage du château. Du haut de ces branches on pouvait certainement voir ce qui se passait dans la chambre de Mlle  Stangerson ; et telle était bien la pensée de Rouletabille, car, m’ayant ordonné de me tenir coi, il embrassa le tronc de ses jeunes bras vigoureux et grimpa. Il se perdit bientôt dans les branches, puis il y eut un grand silence.

Là-bas, en face de moi, la fenêtre entr’ouverte était toujours éclairée. Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L’arbre, au-dessus de moi, restait silencieux ; j’attendais ; tout à coup mon oreille perçut, dans l’arbre, ces mots :

« Après vous !

– Après vous, je vous prie ! »

On dialoguait, là-haut, au-dessus de ma tête… on se faisait des politesses, et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir apparaître, sur la colonne lisse de l’arbre, deux formes humaines qui bientôt touchèrent le sol ! Rouletabille était monté là tout seul et redescendait « deux ! »

« Bonjour, monsieur Sainclair ! »

C’était Frédéric Larsan… Le policier occupait déjà le poste d’observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire… Ni l’un ni l’autre, du reste, ne s’occupèrent de mon étonnement. Je crus