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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

Quelles furent mes pensées alors ? Avais-je le temps d’avoir des pensées ? Je « sentais », plus que je ne pensais…

Évidemment, sentais-je, « si le garde est là-haut dans la chambre » (je dis : « si », car je n’ai, en ce moment, en dehors de cette échelle, et de cette chambre du garde déserte, aucun indice qui me permette même de soupçonner le garde), s’il y est, il a été obligé de passer par cette échelle et par cette fenêtre, car les pièces qui se trouvent derrière sa nouvelle chambre, étant occupées par le ménage du maître d’hôtel et de la cuisinière, et par les cuisines, lui ferment le chemin du vestibule et de l’escalier, à l’intérieur du château… « si c’est le garde qui a passé par là », il lui aura été facile, sous quelque prétexte, hier soir, d’aller dans la galerie et de veiller à ce que cette fenêtre soit simplement poussée à l’intérieur, les panneaux joints, de telle sorte qu’il n’ait plus, de l’extérieur, qu’à appuyer dessus pour que la fenêtre s’ouvre et qu’il puisse sauter dans la galerie. Cette nécessité de la fenêtre non fermée à l’intérieur restreint singulièrement le champ des recherches sur la personnalité de l’assassin. Il faut que l’assassin « soit de la maison » ; à moins qu’il n’ait un complice, auquel je ne crois pas… ; à moins… à moins que Mlle  Stangerson « elle-même » ait veillé à ce que cette fenêtre ne soit point fermée de l’intérieur… « Mais quel serait donc ce secret effroyable qui ferait que Mlle  Stangerson serait dans la nécessité de supprimer les obstacles qui la séparent de son assassin ? »