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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/98

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

— Cette nuit, termina M. Darzac, à dix heures et demie… c’est vrai ! »

Il y eut un silence qui pesa lourdement sur tous…

« Monsieur Darzac, reprit le juge d’instruction sur un ton qui était empreint d’une poignante émotion… Monsieur Darzac, que veniez-vous faire cette nuit à Épinay-sur-Orge, à quelques kilomètres de l’endroit où l’on assassinait Mlle Stangerson ? »

M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la tête, mais il ferma les yeux, soit qu’il voulût dissimuler sa douleur, soit qu’il craignît qu’on pût lire dans son regard quelque chose de son secret.

« Monsieur Darzac, insista M. de Marquet, pouvez-vous me donner l’emploi de votre temps cette nuit ? »

M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa puissance sur lui-même.

« Non, monsieur !…

— Réfléchissez, monsieur, car je vais être dans la nécessité, si vous persistez dans votre étrange refus, de vous garder à ma disposition.

— Je refuse…

— Monsieur Darzac ! Au nom de la loi, je vous arrête !… »

Le juge n’avait pas plutôt prononcé ces mots que je vis Rouletabille faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait certainement parler, mais celui-ci, d’un geste, lui ferma la bouche…