Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

100
LES ÉTRANGES NOCES

vous ne devez pas vous dissimuler les dangers d’une telle marche !

— Ils sont certains, dit La Candeur, le général a raison ; nous allons nous faire tuer et je commence à en avoir assez, moi, de me faire tuer, dans ce pays si triste, où il pleut toujours !… Songe donc, Rouletabille, la guerre est à peine commencée et deux des nôtres sont déjà restés sur le carreau, ce pauvre Modeste et ce brave Katerdjibaschi !

— Eh bien, tu resteras sous ta tente, toi, La Candeur ! tu resteras avec Mlle Vilitchkov qui a besoin de repos !…

Mais Ivana déclara à Rouletabille et au général, lequel mettait galamment à sa disposition le confort un peu rustique de son quartier général, qu’elle tenait à être aux avant-postes et voulait être traitée par les chefs de son pays non point en femme, mais en soldat.

Elle se fit donner les insignes de la Croix-Rouge et demanda certains pouvoirs qui lui permettraient de tenter de s’opposer aux excès et aux vengeances atroces des troupes à leur arrivée dans des contrées où elles trouvaient toute la population bulgare massacrée.

Le général, à ce propos, ne dissimula pas un amer sourire. Il se borna à lui dire qu’il souhaitait bonne chance à son zèle humanitaire…

— Cette guerre sera atroce, général, dit Rouletabille.