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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/131

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DE ROULETABILLE
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— Tais-toi, idiot !… grogna La Candeur. As-tu bientôt fini ? Il ne s’agit pas de se les caler jusqu’à demain matin… Tiens, écoute, v’là que ça recrache !… Ah ! mince alors, ça chauffe ! Faut pas laisser Rouletabille tout seul !…

Quand ils furent dehors, ils virent tout de suite, derrière l’aiguille rocheuse qui les abritait, éclairée d’une façon intermittente par un feu d’artillerie des plus violents, Ivana et Rouletabille. Arrêtés par un mouvement de troupes, ils étaient devant eux à une centaine de pas.

La chevelure de la jeune fille était enveloppée d’un voile qui flottait derrière elle comme un petit fanion.

lis entendirent soudain un appel de Rouletabille et accoururent :

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’es pas blessé ?…

— Non ! Non !… c’est elle qui a disparu ! Ivana ! Ivana !…

Mais il y eut soudain un tel bruit de mitraille autour d’eux et au-dessus d’eux que ses appels furent perdus…

Ivana avait plongé tout à coup dans ce fleuve d’hommes qui se ruaient à la mort et elle était partie avec eux, s’était laissé emporter par eux vers la crête, là-haut, où se livrait un combat acharné, tout retentissant des cris atroces de la lutte à la baïonnette : Na noje ! Na noje ! « Au couteau » !

Les Turcs se défendaient avec vaillance.

Protégés par la nature, ils avaient encore fortifié