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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/18

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LES ÉTRANGES NOCES

vous avons même pas attendu, Athanase Khetew ! malgré tout le désir que nous avions de vous revoir et de vous féliciter (ici une voix étrangement douce et câline) et nous avons couru après le monstre !…

— C’est donc une revanche à prendre ! fit Athanase qui était devenu singulièrement rouge en regardant Ivana Vilitchkov…

— Et une partie à recommencer ! déclara-t-elle avec désinvolture.

— Vous devez regretter de ne point lui avoir coupé la tête quand je vous l’ai amené !… continua Athanase d’une voix sourde…

Évidemment, mon cher !

Et elle lui tourna le dos pour s’intéresser à autre chose. Athanase semblait très occupé à dompter une irritation peu ordinaire. Rouletabille écoutait et regardait. Le cynisme incroyable d’Ivana le mettait, lui aussi, en fureur. Les regards du reporter et du Bulgare se croisèrent. Les deux hommes se comprirent-ils ? Athanase dit :

— Nous retrouverons Gaulow !…

— Oui, fit Rouletabille… et, cette fois, nous nous arrangerons pour ne pas le laisser échapper !

Ivana tressaillit. Cependant elle demanda sur un ton qu’elle voulait rendre indifférent :

— Qu’allons-nous faire ?…

— Vous allez me suivre ! dit Athanase. Ordre du général commandant la division. Il ne veut point qu’on le précède et il craint qu’une imprudence