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DE ROULETABILLE
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Vous savez que pour rien au monde il ne voulait revoir Abdul-Hamid dans le Bosphore… mais on lui a dénoncé une conspiration qui était près d’éclater à Salonique… C’est alors seulement qu’il a donné des ordres…

— On a arrêté les conjurés ? demanda un secrétaire.

— Encore une petite séance de pendaison pour nous distraire… fit un jeune attaché encore imberbe.

— L’horreur ! exprima l’ambassadrice.

La Candeur, très pâle, regardait Rouletabille qui, rose et enjoué, ne semblait nullement gêné par le remords…

Mais l’officier de marine dit :

— Rassurez-vous, madame, les gibets chômeront pour cette fois… Le gouvernement a trouvé, en effet, les preuves de la conspiration chez les conspirateurs, mais les conspirateurs eux-mêmes étaient partis !…

— Vous en êtes sûr ?

— Absolument, je sais qu’ils ont pu gagner par mer Trébizonde, d’où ils ont repris un bateau pour Odessa. Par un hasard miraculeux, en même temps qu’on les dénonçait, ils étaient avertis, eux, qu’ils étaient dénoncés !

La Candeur respira bruyamment, Rouletabille souriait.

— Je suis sûr, fit le drogman, qu’Abdul-Hamid ne doit guère tenir à remonter en ce moment sur le trône, s’il sait ce qui se passe.

— Oui, mais il ne le sait pas !