Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DE ROULETABILLE
321

de fourrure et sa toque, sans « feradje », sans « yasmack », sans « tchartchaf », une Ivana évadée de toutes les turqueries et qui n’avait plus de l’Orientale que ses grands yeux de flamme, qui fixaient Rouletabille, sous sa voilette.

— Ah ! mon petit Zo, mon pet Zo ! Tu as donc compris ?… Tu as donc compris ?… Quelle joie pour moi que ta lettre !

Ils avaient eu un si joli mouvement pour se jeter dans les bras l’un de l’autre ! Et puis ils se continrent, parce que, subitement, il leur semblait avoir entendu tousser et parce qu’ils craignaient de voir apparaître le vieux Turc au turban vert, ou quelque affreux fantôme noir…

Certainement ils étaient encore surveillés, il y avait encore quelque part des yeux qui étaient chargés d’épier leur moindre geste. Cependant, Rouletabille se jeta sur les mains de sa bien-aimée et les mangea de baisers, et Ivana ne cessait de répéter :

— Oh ! petit Zo, petit Zo ! Tu as compris ? Tu as compris ?…

Elle était très pâle, sous la voilette, et Rouletabille vit qu’elle défaillait. Elle murmura :

— Sortons d’ici ! Oh ! sortons d’ici au plus vite !…

— Nous ne pouvons pas sortir avant cinq heures, ma pauvre chérie… Je vous en conjure, soyez calme jusque-là… Venez, asseyez-vous là près de moi, nous parlerons tout bas, nous nous dirons des choses que nul n’entendra, nous sommes enfin comme deux