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DE ROULETABILLE
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rable dans le moment qu’apercevant au loin poindre les armées bulgares, j’avais redouté l’arrivée d’Athanase venant réclamer le prix de sa conquête !… Pouvais-je te dire que lorsque Gaulow se disposait à user pour fuir des moyens que je lui procurais… pouvais-je te dire que notre katerdjibaschi était accouru et avait payé de sa vie une lutte avec le bandit ?… Non ! Non ! je gardais toute cette honte pour moi et je ne t’en aurais jamais parlé si tu ne l’avais devinée ! Enfin, pourquoi t’aurais-je avoué ces affreuses choses, après avoir cru voir succomber Gaulow sous les coups d’Athanase ? Est-ce que tout n’était pas fini pour moi ? Est-ce que mes explications eussent pu empêcher l’inévitable ? Pourquoi me déshonorer à tes yeux comme je l’étais, comme je le suis encore aux miens ? Si je te disais qu’encore à cette minute où je t’avoue tout cela, j’ai honte de moi, j’ai honte, petit Zo !

— Comme tu m’aimais ! soupira Rouletabille, en se prosternant sur les mains d’Ivana.

— Et tu en as douté !

— Pardonne-moi, Ivana !… Pardonne-moi… Oui, c’est moi qui suis un misérable de ne pas t’avoir devinée plus tôt, mon ange chéri… Mais je vois bien que l’amour est ainsi fait qu’il se plaît à nous aveugler dans le moment que nous aurions le plus besoin de voir clair ! Certes, si j’avais été en tiers dans cette aventure, si j’avais été à la place de La Candeur par exemple, ou de Vladimir, je t’aurais devinée tout