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LES ÉTRANGES NOCES

et il ne put retenir une exclamation en reconnaissant dans le cocher, dont la livrée bleue galonnée et le chapeau à cocarde dorée produisaient le plus heureux effet, Tondor, le bienheureux Tondor, qui semblait au comble de ses vœux. Le sympathique Transylvain n’avait-il pas toujours rêvé de rouler « carrousse » et de conduire par de longues guides des chevaux impétueux ? Son mépris pour l’auto était si parfait qu’on n’avait jamais pu le décider à apprendre à conduire une mécanique qu’il trouvait d’une laideur déshonorante, qui « crevait », du reste, disait-il, trop souvent, et qui ne « piaffait » jamais !

Curieusement, Rouletabille s’avança jusqu’au seuil, désireux de savoir à qui appartenait un si grandiose équipage.

Quelle ne fut pas sa stupéfaction en en voyant descendre, après que le valet de pied qui se tenait à côté de Tondor se fût précipité pour en ouvrir la porte, Vladimir, Vladimir Pétrovitch de Kiew !…

Il se disposait à aller lui serrer la main quand il vit que Vladimir tendait la sienne à une grande dégingandée vieille dame, aux cheveux couleur de feu qu’il se rappelait parfaitement avoir vue dans les circonstances tragico-comiques qui avaient inauguré la série de ses aventures à Sofia.

C’était tout simplement la princesse aux fameuses fourrures qui s’avançait au bras de Vladimir triomphant.

— Rouletabille ! s’écria Vladimir en lui montrant