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DE ROULETABILLE
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sage fut inondé de ses larmes. Cela la calma, la sauva peut-être de la folie, au moment même où l’auto s’arrêtait à la gare de Lyon.

— Mais où allons-nous ? demanda-t-elle à travers ses pleurs.

— Dans un endroit où nous serons tout seuls, tout seuls.

— Oh ! oui, oui !…

— Pendant qu’on nous croit en train de faire de la vitesse sur toutes les routes de France, nous serons enfermés dans un paradis… Veux-tu, Ivana ?…

— Oh ! oui, oui !…

Elle se jeta hors de la voiture. Le chauffeur et l’auto devaient continuer, eux, à courir, courir sur les routes… tandis que les deux jeunes gens étaient dans le train qui les descendrait le lendemain à Menton.

Ils avaient sauté à tout hasard dans un rapide, dans lequel ils ne purent trouver que deux places de première : toutes les couchettes du « sleeping », tous les fauteuils-lits avaient été retenus à l’avance. Mais ils étaient heureux d’être dans la foule anonyme, au milieu de braves voyageurs qui les regardaient sans hostilité. Et bientôt Ivana, épuisée, s’était endormie sur l’épaule de son jeune époux.

Rouletabille conduisait Ivana près de Menton, sur la côte enchantée de Garavan, dans les jardins qu’au temps de la Dame en noir habitaient les mystérieux hôtes du prince Galitch. Il y avait là une villa au milieu des jardins suspendus, des terrasses fleuries, une