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DE ROULETABILLE
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du mendiant Cyrille. Tout cela est tout à fait exact, car moi aussi j’ai vu comment les choses se sont passées !

— Où étais-tu donc ? demanda Dotchov, inquiet.

J’étais dans l’arbre, avec Athanase !

Dotchov se dressa à demi sur ses coussins, comme s’il était soulevé par une force intérieure qui le poussait vers Cyrille, dont il ne pouvait plus détourner le regard. Ses lèvres tremblantes essayèrent de laisser glisser quelques paroles, mais ceux qui l’entouraient n’entendirent qu’un souffle rauque pareil à celui qui précède le râle de la mort.

Au même moment, le pope qui était derrière Dotchov pesa sur ses épaules et le fit retomber à sa place ; puis, mettant une main sur la tête du lamentable vieillard, il prononça :

— Nous sommes dans la main de la mort ! La mort est comme le pêcheur qui, ayant pris un poisson dans son filet, le laisse quelque temps encore dans l’eau ! Le poisson nage toujours, mais il est dans le filet et le pêcheur le saisira quand il lui plaira.

— Continue, Cyrille, fit la voix glacée d’Athanase fils.

— Oui, j’étais dans l’arbre avant qu’Athanase s’y fût lui-même réfugié, continua Cyrille. J’avais réussi, comme lui, à me cacher dans les branches du hêtre, mais, personne n’en sut rien et quand Athanase fut tombé, on me laissa bien tranquille et je pus voir et