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LES ÉTRANGES NOCES

— Prenez-vous mon maître pour un mendiant ?

— Tu vois, dit Rouletabille à Vladimir. Tu nous fais faire des bêtises. L’agha est froissé.

— L’agha est froissé de ce que nous ne lui offrons pas une assez forte somme et parce qu’il est persuadé qu’il nous reste encore de l’argent !

— Ma parole ! je n’en ai plus ! dit Rouletabille.

— Si… vous avez les quarante mille !…

— Oh ! les quarante mille ne sont ni à toi, ni à moi ! répliqua Rouletabille sans grande conviction et en secouant la tête avec bien peu d’énergie.

— Non ! répondit Vladimir, ils ne sont ni à vous, ni à moi, mais ils sont à La Candeur !…

— C’est pourtant vrai ! acquiesça Rouletabille comme s’il faisait une grande découverte qui lui libérait la conscience… Offre-lui donc ces quarante mille francs qui sont à La Candeur et qu’il nous fiche la paix ! Aussi bien, si nous ne les lui offrons pas, il les prendra bien tout de même, car il doit être aussi bien renseigné sur ce que nous avons dans nos poches que sur ce que nous avons fait à Sofia !…

Et il passa la liasse à Vladimir, qui alla la déposer près du narghilé.

Cette fois, l’agha posa son bout d’ambre sur la tablette, prit les billets, les compta, sourit à ces messieurs et leur fit savoir par le drogman qu’ils pouvaient partir, qu’ils étaient libres de continuer leur voyage comme ils l’entendaient et qu’il priait Allah de les garder de toute mauvaise rencontre.