Page:Leroux - Mister Flow.djvu/12

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profession. Mais je n’ai que mon bavardage. Qui en veut ?…

Mes besoins m’ont enlevé toute timidité et ma conscience, au régime de la faim, a perdu quelque peu de sa vertu et de sa tendresse. Les « Méditations sur les vraies et les fausses idées de la Justice » sont d’une belle lecture, et elles ne manqueront point de me servir quand je serai Garde des Sceaux. En attendant, j’ai raclé, avant-hier, cent francs à une marchande des quatre-saisons qui avait eu une explication, assez orageuse, avec un gardien de la paix. Je ne lui ai point volé son argent, car je l’ai à peu près tirée d’affaires. Le malheur pour moi est qu’il m’a fallu donner cinquante francs au « gagiste » du Palais qui avait examiné sa feuille au coin d’un couloir et lui avait demandé si elle n’avait pas d’avocat. Justement, je passais, comme par hasard. Un signe discret. L’illustre maître écoutait cette femme en peine. Provision… honoraires à verser d’avance… « Les règlements de notre Ordre, madame, nous interdisent d’ester en justice… Merci pour le fafiot… » Certains « gagistes » sont d’une rapacité !… Et puis, dangereux !… C’est un coup à passer devant le Conseil de l’Ordre !

J’ai encore quinze francs au fond de ma poche et mes clefs… Mes pas font un bruit honteux dans les couloirs vides.

Ces vacances sont immenses. On croit qu’elles n’ont que deux mois : elles en ont quatre. Elles commencent avant les « vacations » et durent longtemps après. On renvoie les affaires dès la fin