Page:Leroux - Mister Flow.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaissent point de mesure dans le mal. Non ! non ! je ne pleurai point la mort de M. Jacob, ni Mme Jacob non plus, du reste, ni les petits Jacob, ni personne. Il me semblait que nous avions rendu service à tout le monde !

Excellent état d’esprit pour jouir des bienfaits de la fortune. Nous étions bourrés de billets de banque, Helena et moi. Et, le soir, nous jouâmes un jeu d’enfer. La toilette d’Helena, aux Ambassadeurs, avait causé un scandale. Elle inaugurait « les seins nus ». Certes, une gaze légère. Tout compte fait, on ne pouvait rien lui reprocher, mais la double fleur, trop soulignée par un fard insolent, perçait sous le voile avec la plus outrageante provocation. Tous ses amis étaient là et les murmures cessèrent. Toutefois, une ardente curiosité n’avait cessé de rôder autour de la table, ce dont Helena s’amusait, en buvant son extra-dry avec un geste qui conviait les dieux.

Cette fois, ce n’était plus son soulier d’argent que je touchais timidement sous la table, mais sa jambe de bacchante que je ramenai prisonnière et brûlante… « Écoutez, Rudy, ce soir, ce sera encore tout ou rien avec nos pauvres petites bank-notes en attendant que nous trouvions un autre « truc » pour reprendre mes bijoux à Fathi. Amusez-vous, chéri !… Prenez tout cela, vous irez au « Privé » ! Il restera toujours le chèque de Démétrius pour nos petits pique-niques !…

Et j’entrai au « Privé » avec le produit du vol et le gain des courses. Elle n’avait gardé que cent billets pour elle. Moi, j’avais presque un demi-