Page:Leroux - Mister Flow.djvu/179

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ce qui fait sourire la petite Valentino et quelques-uns de ces messieurs qui savaient bien que « ça ne durerait pas ! » Celui qu’ils attendent, c’est l’inépuisable Z…, le Grec milliardaire, ou Benito Sandrez, le concessionnaire de tous les jeux en Argentine et au Chili et qui vient perdre pendant six mois en Europe, de Monte-Carlo à Ostende, en passant par Nice, Cannes, Biarritz, Deauville et Paris-Plage, tout l’or ramassé dans la poche des joueurs pendant les six autres mois en Amérique latine !

Je dois dire que, dans le moment, ce chiffre d’un million — le million que j’avais dans les mains — agissait sur moi avec activité. On fait quelque chose avec un million. On peut aller courir sa chance ailleurs et autrement qu’au jeu ! À mon âge, on peut recommencer une belle vie, on peut rompre avec les fils qui vous retiennent à une aventure dont l’issue menace d’être assez redoutable, on peut oublier Durin, et même lady Helena et filer loin, bien loin, vers d’autres cieux !

Seulement, il fallait partir tout de suite, ne pas avoir la curiosité de savoir ce qu’il y avait encore dans le paquet de cartes que je laissais derrière moi, ne pas attendre que Z…, qui prenait ma suite, eût abattu trois fois. Alors mon million ne compta plus au regard de ce que j’aurais pu emporter si je n’avais pas lâchement fini après le premier coup de cartes. Encore une fois, j’avais manqué d’estomac ! Helena avait raison ! Je n’étais pas digne de ma chance !

Ne m’avait-elle pas dit : « Tout ou rien » ?