Page:Leroux - Mister Flow.djvu/183

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Et Helena m’apprenait à conduire ! Maintenant, je pouvais gagner ma vie ! Je connaissais un vrai métier : chauffeur !… Ça doit être beaucoup plus drôle que de faire les couloirs au Palais ! Vision rapide d’une vie honnête et modeste !…

À Dieppe, nous retombions dans les palaces, les courses, le jeu. Moi, une déveine folle ! Helena, qui était redevenue lady Skarlett, ramassait ce qu’elle voulait. Je finis par la laisser jouer, c’était beaucoup plus raisonnable, j’étais traité en grand seigneur, les larbins à mes pieds, et j’avais l’admiration des foules quand je passais avec cette femme à mon côté.

Au « Royal », à Dieppe, je reconnus, à une table voisine, un confrère qui a le respect de tous chez Thémis parce qu’il gagne cent mille francs par an. Je lui pouffai de rire au nez. Il ne saura jamais pourquoi. Le principal est qu’il ne m’ait pas reconnu, lui non plus ! Et cela me donne de l’assurance !… Je suis heureux, je suis pleinement heureux ! Voilà la seule vie qui mérite d’être vécue. Je sens que je ne pourrais plus m’en passer.

Ah ! si on se doutait combien cela est facile quand on veut. Mais il faut vouloir ! il faut se dire : « On ne vit qu’une fois » et courir son risque sans peur ! Moi j’ai couru le mien ! et j’avoue que j’ai eu peur, mais c’est fini !…

Notre randonnée s’acheva à Paris-Plage. On ne doit jamais jouer contre une main ! Il vaut mieux la prendre, quand elle est bonne ! Helena s’obstina à jouer contre la main et nous rentrâmes à