Page:Leroux - Mister Flow.djvu/191

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Nous avions éteint le feu de nos lanternes. Subitement, la sienne se rallume. Mais avec ces lanternes-là, nous ne craignons pas d’être reconnus. On ne nous voit pas, et le faisceau de lumière inspecte. Voici un lit ! Ah ! le lit est habité !… Bravement, Helena va au lit, rejette la couverture et nous découvrons là-dessous un petit tas de peur ! Ça n’a plus rien de vivant. Un petit tas de chair qui se décompose, empoisonné d’épouvante. Ah ! le pauvre garçon ! Nous avons pitié de lui ! Nous essayons de le réconforter ! Pour peu, on le frictionnerait pour rétablir sa circulation. On lui taperait dans les mains !… Nous lui jurons qu’on ne lui fera pas de mal, qu’il n’a qu’à ne pas bouger. Il retrouve sa respiration. Il promet d’être bien sage, et il tremble, il claque des dents.

Devant lui, nous nous attaquons au coffre-fort. C’est un ouvrage plus important que nous ne l’avions cru. Le coffre d’Abraham est un coffre sérieux. Derrière nous, le gardien, au fond de ses couvertures, gémit assez drôlement : « Qu’est-ce que va dire le patron ? Qu’est-ce que va dire le patron ? »

Tout en travaillant (j’éclaire les mains opérantes d’Helena), ma maîtresse interroge le malheureux employé : « C’est de ma faute, gémit-il. J’irai sûrement en prison… J’aurais dû, comme tous les soirs, déposer les bijoux dans le coffre du Comptoir d’Escompte ! »

Ainsi, nous apprenons pour quelle raison Durin, bien renseigné, avait noté : « Opérer entre midi et deux heures », parce qu’entre midi et deux